Pour vos yeux où naissent mes rimes, Pour vos mains douces qui suppriment le gris des journées sans soleil, pour votre teint de sapotille où mes rêves qui s’éparpillent en lents soupîrs vont se noyer, pour votre grâce qui me frôle quand j’entends rire vos paroles au fond de mon…
-
-
Il n’y a pas de porte. Tu y esEt le château embrasse l’universIl ne contient ni avers ni reversNi mur extérieur ni centre secret.N’attends pas de la rigueur du cheminQui, obstiné, bifurque dans un autre,Qu’il ait une fin. De fer est ton destinComme ton juge. N’attends pas l’assautDu taureau qui…
-
Emblème de la nuit, ta fleur rougeâtre et sombre,Géranium, attend la nuit pour embaumer.Ton parfum hait le jour et se répand dans l’ombre.Oh ! dites, dites-moi, vous qui savez aimer,Dieu, comme cette fleur, n’a-t-il pas fait votre âme ?N’est-il pas vrai qu’à ceux dont le cœur est de flammeLe monde…
-
Celle qu’avait hymen à mon coeur attachée,Et qui fut ici-bas ce que j’aimai le mieux,Allant changer la terre à de plus dignes lieux,Au marbre que tu vois sa dépouille a cachée. Comme tombe une fleur que la bise a séchée,Ainsi fut abattu ce chef-d’oeuvre des cieux,Et depuis le trépas qui…
-
Certe, il ne faut avoir qu’un amour en ce monde, Un amour, rien qu’un seul, tout fantasque soit-il ; Et moi qui le recherche ainsi, noble et subtil, Voilà qu’il m’est à l’âme une entaille profonde. Elle est hautaine et belle, et moi timide et laid : Je ne puis…
-
( texte original en Vieux Français du XIIè siècle,suivi de sa traduction ) I. Li rosignous a noncié la nouveleQue la sesons du douz tens est venue,Que toute riens renest et renouvele,Que li pré sont couvert d’erbe menue.Pour la seson qui se change et remue,Chascuns fors moi s’esjoïst et revele.Las…
-
J’ai cueilli ce brin de bruyèreL’automne est morte souviens-t’enNous ne nous verrons plus sur terreOdeur du temps brin de bruyèreEt souviens-toi que je t’attends. Guillaume Apollinaire (1880-1918)– – –( in Alcools, Le Mercure de France, Paris, 1913 )
-
Ce toit tranquille, où marchent des colombes,Entre les pins palpite, entre les tombes ;Midi le juste y compose de feuxLa mer, la mer, toujours recommencée !Ô récompense après une penséeQu’un long regard sur le calme des dieux ! Quel pur travail de fins éclairs consumeMaint diamant d’imperceptible écume,Et quelle paix…
-
J’ai vu le menuisierTirer parti du bois. J’ai vu le menuisierComparer plusieurs planches. J’ai vu le menuisierCaresser la plus belle. J’ai vu le menuisierDonner la juste forme. Tu chantais, menuisierEn assemblant l’armoire. Je garde ton imageAvec l’odeur du bois. Moi, j’assemble des motsEt c’est un peu pareil. Eugène Guillevic (1907-1997)–…
-
Uncategorized
EPITAPHE
Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,Tour à tour amoureux insoucieux et tendre,Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre,Un jour il entendit qu’à sa porte on sonnait. C’était la Mort ! Alors il la pria d’attendreQu’il eût posé le point à son dernier sonnet ;Et puis sans s’émouvoir,…
-
Uncategorized
LES COQUILLAGES
Chaque coquillage incrustéDans la grotte où nous nous aimâmesA sa particularité L’un a le pourpre de nos âmesDérobée au sang de nos coeursQuand je brûle et que tu t’enflammes ; Cet autre affecte tes langueursEt tes pâleurs alors que, lasse,Tu m’en veux de mes yeux moqueurs ; Celui-ci contrefait la…